Ottawa, le 8 décembre 2025 – En réaction à l’annonce faite aujourd’hui par le premier ministre Carney comme quoi il y aura un nouveau mandat de retour au bureau (RAB) dans les prochaines semaines, l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) exhorte le gouvernement fédéral à fonder toute décision en la matière sur des faits, les résultats des services et la réalité opérationnelle.
« La population canadienne veut des résultats, pas des appels nominaux, affirme Sean O’Reilly, président de l’IPFPC. Lorsque le gouvernement élabore des politiques axées sur les apparences plutôt que sur les résultats, il risque de ralentir la prestation des services, de faire fuir les talents et de compliquer le recrutement de la prochaine génération de professionnel·les.
Nous le disons clairement depuis des années : le RAB doit être assujetti à une présence justifiée, poursuit M. O’Reilly. Lorsque le travail en présentiel permet d’améliorer l’innovation, la formation ou la prestation de services, c’est une excellente chose. Cependant, obliger les gens à revenir au bureau uniquement pour être vus et participer à des appels vidéo depuis un autre endroit, ce n’est pas faire preuve de leadership. C’est du spectacle! »
Alors que les syndicats reprennent les négociations, le moment choisi par le premier ministre pour faire cette annonce met en évidence un besoin criant de preuves, de transparence et de collaboration.
« Le gouvernement a toujours dit aux syndicats qu’il n’envisageait pas de RAB, et son dernier budget n’y faisait aucunement allusion, ajoute M. O’Reilly. Nous sommes tous d’accord pour dire que personne ne souhaite une répétition des directives précédentes sur le RAB, qui ont été annoncées sans consultation et qui ont provoqué des perturbations et une confusion généralisées, ainsi que des tensions inutiles dans les relations patronales-syndicales. »
La semaine dernière encore, l’Institut a écrit au gouvernement pour réitérer les attentes claires du syndicat.
« Le RAB n’est pas une stratégie de gestion de la main-d’œuvre. Il n’est pas possible de moderniser le gouvernement en utilisant un modèle de lieu de travail qui date du XXe siècle. »
L’IPFPC représente plus de 85 000 professionnel·les du secteur public un peu partout au pays, dont la plupart sont employés par le gouvernement fédéral.
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Pour plus d’informations ou pour obtenir une copie de la lettre que l’Institut a envoyée au SCT, veuillez contacter Olivia Joerges: 613-915-0086 ou ojoerges@pipsc.ca
Déclaration de Sean O’Reilly, président de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC)
« La décision du gouvernement fédéral de supprimer des programmes de recherche essentiels et des postes scientifiques à Ressources naturelles Canada (RNCan) fait peser des risques graves et évitables sur la sûreté et la sécurité dans tout le pays.
La géographie, les ressources naturelles et les vulnérabilités climatiques du Canada exigent une science de niveau mondial. Pourtant, des équipes presque entières chargées d’assurer la sécurité du public sont éliminées — la grande majorité d’entre elles non par attrition, et pas volontairement, mais bien par le biais de licenciements.
Il s’agit de professionnel·les très dévoués de la fonction publique, dont les prévisions et les analyses jouent un rôle crucial pour éviter que la population ne soit mise en danger. En les éliminant, on compromet la sûreté du public. »
Voici un aperçu des enjeux :
- Ces compressions réduisent la capacité du Centre canadien de cartographie et d’observation de la Terre, notamment sur le plan de la télédétection. Elles menacent notre capacité à suivre les feux de forêt, les inondations, les glissements de terrain et d’autres risques géologiques, ainsi qu’à surveiller la dimension et les niveaux de ressources en eau douce et les menaces qui pèsent sur elles. Ces scientifiques produisent les données dont dépendent les services d’urgence et les gouvernements pour anticiper et protéger les communautés contre les catastrophes et soutenir le développement responsable des ressources.
- Les réductions portent également atteinte à notre souveraineté dans l’Arctique. La précision des géosciences, de la cartographie et de la surveillance de la vaste masse continentale septentrionale du Canada est essentielle pour faire valoir les droits territoriaux, protéger les infrastructures nordiques et garantir une exploitation responsable des ressources. En réduisant cette capacité, le Canada est moins à même de défendre ses intérêts alors que d’autres pays renforcent les leurs.
- Le Canada a déjà perdu la quasi-totalité de sa capacité à détecter et à combattre les maladies mortelles qui agressent nos forêts. Il y a trente ans, nous avions 16 pathologistes forestiers. Si ces compressions se poursuivent, il n’en restera plus que quatre de ses spécialistes pour couvrir le vaste territoire du Canada dont un seul pour contrôler l’ensemble du système forestier à l’est des Rocheuses. Nous avons déjà vu ce qu’il en coûte de détourner le regard : La maladie hollandaise de l’orme a anéanti des millions d’ormes en Amérique du Nord. L’agrile du frêne est en train d’anéantir les frênes. Sans pathologistes pour surveiller les forêts et établir des plans de lutte contre les ravageurs et les maladies dangereuses, ces derniers se propageront sans contrôle.
« Soyons clairs. Ces compressions ne sont pas abstraites. Non seulement réduisent-elles les budgets sur une feuille de calcul, mais elles aggravent les risques. Il s’agit de postes et de programmes qui soutiennent directement la prévention des catastrophes, la surveillance scientifique, la mise en valeur des ressources, la protection de l’environnement et la souveraineté de l’Arctique.
À l’heure où le Canada est confronté à des menaces accrues, à des défis économiques importants et à de grandes promesses concernant des projets d’exploitation des ressources, ces programmes sont essentiels et non facultatifs.
Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de reconsidérer immédiatement ces réductions. La sûreté, la sécurité et le leadership scientifique du Canada en dépendent. »
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Le texte d’opinion suivant du président de l’Institut, Sean O’Reilly, a été publié le 13 novembre dernier dans le National Newswatch.
Le budget 2025 du gouvernement fédéral, qui a été déposé la semaine dernière, promet discipline, modernisation et efficacité. Ces mots peuvent sembler rassurants. Mais la vraie question demeure : efficace pour qui? Et à quel prix pour le Canada?
Le budget 2025 n’est pas un exemple de prudence financière. Il s’agit d’une expérimentation à haut risque qui touchera tous les ministères, tous les programmes et tous les services dont dépendent les Canadiennes et les Canadiens.
L’un des principaux points à retenir de l’exercice financier est le projet de supprimer environ 40 000 emplois dans la fonction publique au cours des prochaines années. Lorsque les gouvernements procèdent à des changements aussi radicaux, les Canadien·nes en payent toujours le prix. Les inspections alimentaires sont plus espacées. Les situations d’urgence sont plus longues à maîtriser. Les systèmes numériques s’affaiblissent au fur et à mesure que les cyberattaques se multiplient.
Il ne s’agit pas de risques abstraits. Ce sont les fonctions quotidiennes qui assurent la cohésion de notre pays.
Les Canadien·nes veulent que leur gouvernement dépense judicieusement. Les professionnel·les de la fonction publique veulent la même chose. Cependant, il existe une grande différence entre améliorer le fonctionnement du gouvernement et réduire sa capacité à remplir ses missions. L’efficacité ne peut se faire au détriment de la sécurité, de la stabilité et de la confiance.
Nous avons vu ce qui se passe lorsque des économies à court terme sont privilégiées par rapport à des investissements judicieux. Dans les années 1990, la réduction des effectifs a entraîné la fermeture de laboratoires et la suppression de services régionaux, ce qui a entraîné une perte d’expertise pour toute une génération. La « rationalisation » des années 2010 nous a donné le système de paye Phénix, un projet informatique toujours défectueux dont la réparation coûte encore des milliards de dollars. Chaque soi-disant ère d’efficacité se termine de la même manière : des programmes charcutés, le personnel démoralisé et des factures plus élevées par la suite.
La fonction publique d’aujourd’hui est confrontée à ce même risque, cette fois, sous la bannière du renforcement du pays. Le gouvernement dit qu’il veut de l’innovation, un service plus rapide et une meilleure technologie. C’est ce que nous voulons aussi. Mais on ne peut pas innover en éliminant les personnes qui effectuent le travail. On ne renforce pas un pays en supprimant le financement des systèmes qui le font fonctionner.
Derrière les chiffres de l’emploi se cachent des personnes que la population canadienne voit rarement, mais sur lesquelles elle compte chaque jour : les scientifiques qui analysent ses aliments et son eau, les météorologues qui surveillent les feux de forêt, les ingénieur·es qui inspectent les ponts et les spécialistes en cybersécurité qui protègent ses réseaux contre les attaques. Réduire leur capacité ne fait pas que réduire la taille du gouvernement, cela affaiblit également la résilience du Canada.
Les professionnel·les de la fonction publique ont déjà fait preuve d’une réelle efficacité. Lorsque la pandémie a frappé, ce sont les fonctionnaires qui ont mis en place le système de Prestation canadienne d’urgence (PCU) en six semaines. Il n’y a pas eu de contrats privés astronomiques ni de chaos; juste de la compétence. Lorsque l’expertise est reconnue et dotée des ressources adéquates, c’est ainsi que se manifestent l’efficacité et l’innovation authentiques. La fonction publique peut et doit faire partie de la solution, mais uniquement si elle dispose encore des effectifs et des outils nécessaires pour remplir ses missions.
Une véritable efficacité signifie des investissements plus judicieux, pas des réductions plus importantes. Cela signifie donner aux professionnel·les les moyens de se moderniser de l’intérieur, et non pas vider le pays de son expertise et le rendre, par le fait même, vulnérable. Cela signifie investir dans les employé·es qui fournissent des services publics cruciaux, plutôt que de recourir à la sous-traitance qui coûte à l’heure actuelle environ 26 milliards de dollars.
Les Canadiennes et Canadiens souhaitent avoir l’assurance que, lorsqu’une crise survient (une inondation, un feu de forêt, une cyberattaque), quelqu’un prend les choses en main. Ils et elles veulent un gouvernement qui protège ce qui assure leur sécurité et leur stabilité, et non un gouvernement qui met en péril les services dont ils et elles dépendent.
Le budget 2025 met cette sécurité en péril. Il traite la fonction publique comme une dépense à gérer plutôt que comme l’infrastructure qui assure le fonctionnement de notre économie, de notre environnement et de nos communautés. Des réductions aussi importantes ne permettent pas d’alléger le gouvernement. Elles l’affaiblissent.
Derrière chaque soi-disant efficacité se cache un service que les Canadien·nes vont perdre. Derrière chaque économie se cachent la sécurité, les moyens de subsistance et l’accès aux éléments indispensables au bien être d’une personne. La compétence ne peut pas être obtenue grâce à des réductions.
Si nous voulons un gouvernement qui réponde aux attentes des Canadiennes et des Canadiens, nous devons protéger les personnes et les systèmes qui rendent cela possible. Car lorsque ceux-ci auront disparu, les dommages ne se mesureront pas seulement en nombre d’emplois perdus, mais aussi en perte de sécurité et de stabilité pour le pays lui-même.
Sean O’Reilly, président de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC)
Alors que l’inquiétude grandit parmi les membres au sujet des mesures de réaménagement des effectifs (RE) et que de plus en plus de ministères annoncent des RE, nous souhaitons attirer votre attention sur l’initiative de mobilité du ministère de la Défense nationale (MDN) et de la Commission de la fonction publique (CFP).
Le MDN recrutera des milliers de nouveaux employé·es dans les années à venir pour répondre aux engagements du gouvernement. En coopération avec la CFP, le MDN a lancé une initiative de mobilité pour faciliter le recrutement au sein de la fonction publique fédérale.
Le MDN a identifié huit secteurs de recrutement fonctionnels, chacun associé à des groupes professionnels spécifiques.
Le tableau ci-dessous fournit des liens vers les cheminements de carrière qui correspondent à ces groupes. Vous devez vous connecter via votre compte Emplois GC pour cliquer sur les liens ci-dessous. Les liens renvoient à une page interne du gouvernement pour les groupes professionnels visés, dont beaucoup incluent des classifications de l’Institut dans les groupes RE, TI, CP, NR, SH et SP.
Le MDN et le Secrétariat du Conseil du Trésor nous ont informés que ces postes seront pourvus au moyen de mutations volontaires au même niveau. Il ne s’agit pas d’une plateforme d’échange de postes et ce n’est pas lié aux échanges de postes ni au RE. Si des personnes figurent sur les listes prioritaires de la CFP, elles recevront ces offres de mutation en premier, mais nous encourageons les membres à poser leur candidature.
Le budget 2025 a été présenté cette semaine, et il confirme une grande partie de ce que nous avions mis en garde dans notre analyse « Cinq signaux d’alarme ».
Autrement dit : derrière les termes « discipline » et « modernisation » se cache la plus importante réduction des effectifs de la fonction publique canadienne depuis les années 1990, avec la suppression de 40 000 postes d’ici 2028.
Bien que l’on ne sache pas encore exactement ce qui sera supprimé, il est clair que ces réductions entraîneront la perte de biens collectifs essentiels, en particulier dans les domaines de la surveillance de l’environnement, de la collecte de données et de la recherche appliquée.
Ce n’est pas ce que nous voulions ni ce que les Canadien·nes voulaient.
Là où nous souhaitions de l’efficacité, nous assistons à une érosion des services. Là où nous souhaitions des investissements stratégiques, nous assistons à une réduction drastique des capacités.
La fonction publique est sacrifiée au profit d’une solution rapide, et cela coûtera cher aux Canadien·nes.
Les Canadien·nes veulent que leur gouvernement dépense judicieusement, et les professionnel·les de la fonction publique sont d’accord. Mais si l’on élimine les fonctionnaires chargés d’inspecter les aliments, de distribuer les prestations sociales, de protéger les données et de surveiller les feux de forêt, on ne réduit pas le gaspillage. On augmente les risques.
Voici comment les promesses du budget se concrétisent et ce qu’elles signifient pour les membres de la Commission de la fonction publique et les Canadien·nes.
Le discours sur « l’efficacité » cache le coût réel des réductions budgétaires
Ce qui est présenté comme une « modernisation » est en réalité synonyme de réductions, de capacités réduites et de perte de services. Des expressions telles que « réduction des chevauchements », « rationalisation » et « consolidation des programmes » semblent prudentes, mais elles sont des euphémismes pour des réductions de programmes qui risquent de créer des lacunes dont personne n’est responsable.
Les réductions telles que celles proposées dans le budget 2025 perturbent les flux de travail, brisent les chaînes de mentorat et dispersent la mémoire institutionnelle, ce qui ralentit les services et accroît l’inefficacité.
En l’absence d’un plan de transfert d’expertise ou de formation des remplaçant·es, les connaissances institutionnelles disparaissent tout simplement. L’attrition est souvent présentée comme indolore, mais avec la suppression d’un emploi sur dix, nous savons que beaucoup d’entre nous vont en ressentir les effets.
Le discours sur l’efficacité masque la disparition des capacités : moins d’inspections en matière de sécurité alimentaire, des interventions d’urgence plus lentes, une surveillance des maladies moins efficace. Les Canadien·nes en paieront le prix.
Bien que le budget n’ait pas indiqué où chaque emploi, service ou programme sera supprimé, il a toutefois indiqué où nous pouvons nous attendre à certaines suppressions : Agriculture et Agroalimentaire Canada fermera ses laboratoires vivants du programme Solutions agricoles pour le climat. L’Agence spatiale canadienne doit faire face à des réductions inexpliquées de 41 millions de dollars. Services publics et Approvisionnement Canada verra son financement réduit pour les projets pilotes de Laboratoires Canada. Et alors que l’Agence des services frontaliers du Canada prévoit d’embaucher 1 000 nouveaux agent·es, elle réduira simultanément les budgets de formation, ce qui nuira à l’efficacité de ces mêmes embauches.
Il ne s’agit pas de mesures d’efficacité. Ces mesures démantèlent l’infrastructure de la fonction publique pièce par pièce et créent des conditions propices au chaos, et non à une fonction publique fédérale rapide et efficace.
L’intelligence artificielle, une « solution miracle » aux conséquences à long terme
L’intelligence artificielle joue un rôle important, mais inégal dans le budget 2025. Alors que le gouvernement vante les réductions des « services de gestion et de conseil », la plupart des travaux liés à l’IA et au numérique relèvent encore de contrats de services professionnels qui dépendent fortement de fournisseurs privés de TI.
Bien que nous saluions les solutions technologiques « fabriquées au Canada » prévues dans ce budget, cela ne signifie pas nécessairement qu’elles sont « fabriquées par des fonctionnaires canadiens ». Nous devons garantir la propriété publique de toute nouvelle infrastructure d’IA afin de protéger les données canadiennes et d’assurer le contrôle public et la responsabilité.
Le budget ne précise pas non plus comment ces nouvelles initiatives affecteront les emplois du secteur public ou la capacité interne. Les syndicats doivent être impliqués dans la gouvernance de l’IA afin de garantir la protection, la transparence et la responsabilité. Les syndicats doivent être consultés à chaque étape du processus. C’est pourquoi nous continuons à demander un siège au sein du Conseil consultatif en matière d’intelligence artificielle du gouvernement, qui ne comprend actuellement que des représentant·es des milieux scientifiques et économiques.
Enfin, investir dans l’IA tout en supprimant des dizaines de milliers d’emplois dans le secteur public est plus qu’une contradiction, c’est un échec pour le pays. Nous ne pouvons pas construire une technologie souveraine si nous démantelons la main-d’œuvre chargée de la faire fonctionner. Les algorithmes et les robots d’IA ne peuvent pas remplacer le jugement professionnel des expert·es humains.
Nous savons que l’automatisation précipitée entraîne des erreurs, des retards et des échecs coûteux. Nous subissons encore les conséquences des problèmes d’automatisation des vérifications de l’ARC et de la débâcle du système de paye Phénix.
À moins que les initiatives en matière d’IA ne s’accompagnent d’investissements dans la formation interne et le recrutement, elles auront pour effet d’accroître la sous-traitance plutôt que de la réduire.
L’IA devrait être un outil pour renforcer la fonction publique, et non un raccourci qui l’affaiblit.
Une augmentation de la sous-traitance coûteuse
Le budget 2025 affirme qu’il « réduira » le recours aux consultant·es privés, mais les chiffres avancés par le gouvernement lui-même montrent une réalité différente. La sous-traitance a doublé par rapport aux niveaux d’avant la pandémie et, selon les estimations du gouvernement, les dépenses en services professionnels devraient atteindre 26,1 milliards de dollars cette année, soit une augmentation de 37 % par rapport à l’année dernière et un niveau record.
Nous avons déjà entendu cette promesse : les gouvernements précédents s’étaient engagés à réduire les coûts de la sous-traitance sans jamais y parvenir. Même si la réduction de 20 % promise par le gouvernement actuel allait à l’encontre de la tendance et se concrétisait, les dépenses de sous-traitance resteraient environ deux fois plus élevées qu’il y a dix ans.
Ce n’est pas de la discipline budgétaire. C’est une dépendance vis-à-vis d’entreprises privées qui facturent jusqu’à 26 % de plus que les fonctionnaires équivalents. Chaque dollar des contribuables dépensé pour des consultant·es privés est un dollar qui n’est pas dépensé pour développer l’expertise publique interne.
Il en résulte une fonction publique vidée de sa substance, contrainte de louer les compétences qu’elle possédait autrefois en interne. Ce n’est pas efficace. C’est du gaspillage.
Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Lorsque le gouvernement a dû agir rapidement pendant la pandémie, les fonctionnaires ont mis en place la PCU en six semaines seulement. Cela a été incontestablement plus rapide et moins coûteux que ce qu’aurait pu faire une entreprise privée. Voilà à quoi ressemble la véritable efficacité. Lorsque les professionnel·les de la fonction publique se voient confier la direction, nous obtenons des résultats.
Si ce gouvernement souhaite réellement réaliser des économies, il devrait commencer par s’attaquer à la facture de 26 milliards de dollars pour la sous-traitance, et non aux analystes des incendies de forêt, aux scientifiques de la santé publique ou aux ingénieur·es qui assurent la sécurité des Canadien·nes.
La négligence de la science et des preuves
Le manque de financement de la science publique compromet à la fois la sécurité et la souveraineté. Le budget 2025 est étrangement silencieux sur le financement direct des laboratoires fédéraux de science et de recherche. Aucun poste budgétaire ne fait état d’investissements dans les installations de recherche des ministères, les programmes techniques ou le personnel scientifique, alors que nous affirmons clairement depuis des années que ce financement est absolument nécessaire. Il n’est pas non plus fait mention de l’intégrité scientifique ou des politiques fondées sur des données probantes, ce qui constitue un recul inquiétant par rapport aux engagements antérieurs.
Au lieu de cela, le budget 2025 menace de réduire encore davantage les capacités fédérales du Canada en matière de science et de recherche. Bien que les détails de ces réductions n’aient pas encore été communiqués, le budget 2025 mentionne certains programmes ministériels qui seront touchés : Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Ressources naturelles Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada, entre autres. Pendant ce temps, la recherche et le développement du secteur privé continue de bénéficier d’un soutien, tandis que la science publique laissée à l’abandon.
La science publique prend des décennies à construire et quelques secondes à détruire, et les conséquences se feront sentir bien au-delà des laboratoires. Ces conséquences se traduiront par une réponse plus lente aux incendies de forêt, une diminution des inspections alimentaires et un affaiblissement de la surveillance des maladies.
Le dernier rapport de l’IPFPC, Une feuille de route scientifique pour l’avenir du Canada, dresse un tableau sombre : seulement 6,5 % des scientifiques estiment que leur ministère dispose d’un financement suffisant pour la recherche; la confiance dans l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes a chuté à 44 %; et 36 % des laboratoires fédéraux sont dans un état médiocre ou critique. Les rapports d’ingérence politique dans la recherche sont de plus en plus nombreux.
La science publique est déjà en manque de ressources et a besoin d’investissements pour rester résiliente. De nouvelles réductions pourraient porter un coup dévastateur, non seulement aux scientifiques, mais aussi à l’ensemble des Canadien·nes qui comptent sur leur travail.
La vue d’ensemble oubliée
On ne peut pas construire un Canada fort en affaiblissant ce qui assure sa cohésion. Ce qui est supprimé dans ce budget, ce n’est pas la bureaucratie, mais le tissu conjonctif qui assure la coordination et la responsabilité des programmes. Les membres de l’IPFPC sont la force tranquille derrière la puissance du Canada : des scientifiques, des ingénieur·es, des vérificateur·rices, des informaticien·nes et des expert·es en politique qui font fonctionner le gouvernement.
Les promesses de « faire les choses plus rapidement, plus simplement, et mieux » ne peuvent être tenues avec des capacités réduites, une formation limitée et un perfectionnement professionnel réduit. Si nous voulons vraiment un gouvernement qui fonctionne plus rapidement, plus simplement et mieux, nous devons commencer par garder et soutenir les personnes qui savent comment il fonctionne.
Les fonctionnaires savent déjà où se situent les inefficacités : mauvaise planification, systèmes désuets, et sous-traitance coûteuse. Ils/elles sont prêts à y remédier. Mais au lieu d’être habiletés à se moderniser, ils/elles sont mis à l’écart par des objectifs d’économies à court terme.
En l’absence de plan, les réductions entraîneront une succession de solutions rapides et de perte de connaissances. Une fois cette expertise disparue, il faudra des années pour la reconstruire. Les Canadien·nes en ressentiront les effets sous forme de services plus lents, d’une surveillance moins rigoureuse et d’une préparation moindre en cas de crise.
La voie à suivre
Les Canadien·nes veulent que leur gouvernement dépense judicieusement, et les professionnel·les de la fonction publique partagent cet objectif. Mais l’efficacité sans capacité est synonyme de fragilité.
La voie la plus intelligente à suivre est claire :
- Renforcer la fonction publique sans réductions importantes.
- Réduire la sous-traitance inutile et reconstruire l’expertise à l’interne.
- Adopter l’IA de manière responsable et transparente.
- Réinvestir dans la prise de décision fondée sur des données probantes et dans l’intégrité scientifique.
- Se concentrer sur la résolution des problèmes à long terme, et non sur les perspectives à court terme.
Nous demandons aux député·es d’examiner attentivement ce qui est supprimé et qui en paiera le prix. Les député·es ne doivent pas se contenter d’approuver ce budget sans discussion. Ils/elles doivent poser des questions difficiles sur la manière dont ces décisions affecteront leurs communautés et la capacité du Canada à répondre aux crises futures.
La soi-disant « efficacité » ne peut se faire au détriment de la sécurité, de la stabilité et des services publics qui assurent la cohésion de notre pays.
Ottawa, 4 novembre 2025 – L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) prévient que les coupes budgétaires fédérales annoncées aujourd’hui, qui visent à supprimer plus de 40 000 emplois dans la fonction publique, vont bien au-delà de l’« efficacité » et toucheront des services essentiels sur lesquels compte la population.
Les gens veulent que leur gouvernement dépense judicieusement, et les professionnel·les de la fonction publique sont d’accord. Mais si l’on élimine les fonctionnaires chargés d’inspecter les aliments, de distribuer les prestations sociales, de protéger les données et de surveiller les feux de forêt, on ne réduit pas le gaspillage – on augmente les risques.
« Les Canadiennes et les Canadiens attendent de l’efficacité, pas de l’érosion », déclare Sean O’Reilly, président de l’Institut. « Derrière chaque coupe se cache un retard de service, une intervention d’urgence plus lente ou un système qui n’est qu’à une défaillance de la crise. Ces réductions ne nous permettent pas de nous alléger; elles nous rendent plus fragiles. »
Les professionnel·les de la fonction publique sont les spécialistes qui protègent nos données, gèrent les situations d’urgence, suivent les épidémies et entretiennent les systèmes que les gens voient rarement, mais dont ils dépendent tous les jours. La diminution de leur capacité n’entraîne pas seulement une réduction de la taille de l’administration, mais aussi une érosion de la résilience du Canada.
« Nous partageons l’objectif d’une fonction publique plus efficace et plus innovante. Mais on ne peut pas faire plus avec moins. Une véritable efficacité signifie des investissements plus intelligents, et non pas la suppression de services », ajoute M. O’Reilly.
Parallèlement, le gouvernement continue d'investir des sommes record dans l'externalisation de travaux à des consultants privés : 26 milliards de dollars sont prévus pour cette seule année, soit le montant le plus élevé jamais enregistré selon ses propres estimations. Bien que le budget prévoie une vague réduction de la sous-traitance, l'IPFPC note que des promesses similaires ont déjà été faites sans résultats concrets. C'est une approche qui ne tient toujours pas la route.
« Il n'est pas efficace de remplacer des fonctionnaires expérimentés par des consultants onéreux qui coûtent 25 % de plus qu'un·e professionnel·le de la fonction publique », poursuit M. O'Reilly. « Si l'objectif est de réaliser des économies, il faut commencer par les milliards versés aux entreprises privées, et non par les inspecteur·rices de la sécurité alimentaire ou les scientifiques de la santé publique. »
Les professionnel·les de la fonction publique savent où se situent les véritables inefficacités : mauvaise planification, systèmes obsolètes, manque de confiance et de consultation avec les spécialistes de la fonction publique, et recours excessif à une externalisation coûteuse.
« Il faut donner aux fonctionnaires les moyens de se moderniser de l’intérieur », conclut Sean O’Reilly. « Laissez les professionnel·les prendre les devants. C’est ainsi que l’on obtient une efficacité réelle, sans réduire les services dont dépend la population. »
L’IPFPC représente plus de 85 000 professionnel·les de la fonction publique un peu partout au pays, dont la plupart sont employés par le gouvernement fédéral. Suivez-nous sur Facebook sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter) et sur Instagram.
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Pour de plus amples renseignements : Johanne Fillion, 613-883-4900 (cellulaire)
Dans une décision profondément décevante, et pour éviter toute négociation de bonne foi, la première ministre de l’Alberta a utilisé la disposition de dérogation pour forcer les 51 000 enseignant·es de l’Alberta à reprendre le travail. Il s’agit d’un précédent dangereux qui aura des répercussions sur les travailleur·ses de tout le pays.
Les droits de négociation collective sont attaqués.
La disposition de dérogation fait partie de la Charte canadienne des droits et libertés et, en Alberta, de l’Alberta Bill of Rights et de l’Alberta Human Rights Act. Cette disposition est destinée aux situations d’urgence. La disposition de dérogation permet aux gouvernements de contourner le cadre juridique des droits de la Charte, principalement les libertés fondamentales, les droits légaux et les droits à l’égalité.
Dans ce cas, la disposition de dérogation a été utilisée pour priver l’Alberta Teachers Association (ATA) de ses droits de négociation.
La première ministre Smith a instrumentalisé une législation destinée à protéger les citoyen·nes. Légiférer le retour au travail des enseignant·es, en les privant de leurs droits de négociation, est une attaque directe contre les élèves, les familles et les enseignant·es qui assurent le fonctionnement du système d’éducation.
Cette législation signifie que les enseignant·es de l’Alberta n’ont aucun pouvoir de négociation pour une période d’au moins cinq ans et qu’ils/elles sont soumis à un contrat qu’ils/elles ont fermement rejeté. Cette mesure a un effet dissuasif sur les droits des travailleur·ses et est largement considérée comme un abus de pouvoir flagrant.
Bien que la grève soit terminée, les classes de l’Alberta restent surchargées, insuffisamment soutenues et dépourvues des fonds indispensables. Les salaires des enseignant·es sont depuis trop longtemps inférieurs au taux d’inflation, et on leur demande chaque jour d’en faire plus avec moins. Pire encore, les enseignant·es ont été réduits au silence et la démocratie a été remise en question.
Le président de l’ATA, Jason Schilling, a déclaré : « Les enseignant·es se conformeront à la loi, mais ne vous y trompez pas : se conformer n’est pas consentir. L’Association luttera contre cet abus de pouvoir avec tous les outils que la loi met à sa disposition et avec toute la conviction qu’elle possède. »
L’IPFPC est fier d’être solidaire de l’Alberta Teachers’ Association, de l’Alberta Federation of Labour et du Congrès du travail du Canada. En tant que mouvement syndical, nous devons défendre notre droit de négociation, de grève et de syndicalisation.
Nous vous encourageons à manifester également votre solidarité. Visitez le site Web de l’ATA et passez à l’action dès aujourd’hui.
Soutenir les enseignant·es de l’Alberta
L’ensemble des Canadien·nes doivent s’opposer à cette atteinte dévastatrice.
Nous sommes conscients que de futurs moyens de pression pourraient avoir des répercussions supplémentaires sur les parents, y compris nos membres, dans toute la province. l’IPFPC veillera à ce que les membres soient informés de leurs droits et de la manière de manifester leur soutien. Les employeurs sont tenus d’examiner les demandes de mesures d’adaptation au cas par cas.
Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à vous adresser à vos délégué·es syndicaux locaux.

