Bien chers membres,
Les prédictions se réalisent rarement à 100 %, mais certaines se fondent sur des suppositions mieux éclairées que d’autres. Voici mes prévisions (et quelques résolutions) pour la nouvelle année.
Phénix
2018 sera une année déterminante pour la crédibilité du gouvernement fédéral dans le dossier Phénix (alors, on change ou on arrange Phénix?). Le gouvernement continue de prétendre qu’il peut arranger Phénix, mais nous n’en sommes pas si sûrs, comme 87 % des répondants à notre récent sondage. Services publics et Approvisionnement Canada a révélé en novembre que la stabilité du système, si longtemps promise, sera atteinte en décembre 2018.
C’est encore trop loin, mais au moins nous avons une date butoir pour le règlement des problèmes importants. Le gouvernement dit qu’il respectera cette nouvelle échéance, et même si je suis sceptique, vu ses antécédents, nous continuerons à faire tout en notre pouvoir pour l’aider à arranger Phénix tout en exigeant qu’un nouveau système qui fonctionne soit développé par nos membres. Nous continuerons aussi à exhorter le gouvernement à embaucher plus de personnel pour aider nos membres à régler leurs problèmes de paye, sinon il devra s’attendre à un déluge de griefs.
Budget
Au cours des prochains mois, le gouvernement va présenter un autre budget. Nous espérons qu’il prévoira des réinvestissements importants dans la fonction publique fédérale, qui peine encore à se relever de toutes les compressions imposées par le gouvernement précédent. Selon le Budget fédéral alternatif 2016 du Centre canadien de politiques alternatives, la dernière fois que l’appareil gouvernemental fédéral a été aussi réduit, c’était avant la Deuxième Guerre mondiale. Il faut que ça change si nous voulons être en mesure de relever les défis de l’avenir. Il est toutefois peu probable que le gouvernement fasse les changements nécessaires si les Canadiens, y compris les membres de l’Institut, ne l’y forcent pas. C’est pourquoi à l’automne nous avons lancé une pétition pour réclamer que le gouvernement réinvestisse dans la fonction publique. Il n’est pas trop tard pour la signer!
Intégrité scientifique
Parmi les secteurs où nous demandons l’injection de beaucoup plus de fonds, mentionnons la science publique. Selon nos calculs, il manque au Canada encore 1500 scientifiques fédéraux depuis les compressions du gouvernement Harper. Mais le manque d’effectif scientifique du pays n’est pas notre seule préoccupation. Nous avons eu gain de cause et obtenu l’inclusion du droit des scientifiques de s’exprimer librement et nous nous employons maintenant à négocier les politiques d’intégrité scientifique avec les ministères et organismes à vocation scientifique. Nous entendrons probablement beaucoup plus parler d’intégrité scientifique en 2018.
Équité fiscale
Les budgets ne sont efficaces que quand tout le monde paye sa juste part d’impôt. Le scandale des Paradise Papers nous révèle encore une fois l’ampleur du recours aux paradis fiscaux dont le Canada et d’autres pays sont victimes. En mettant sur pied des équipes spécialisées à l’Agence du revenu du Canada (ARC) pour enquêter sur les 3300 Canadiens impliqués dans les Paradise Papers, le gouvernement prend une première mesure importante pour s’assurer que tout le monde paye vraiment sa juste part d’impôt. Si le gouvernement veut aide la classe moyenne, il peut entre autres donner les ressources dont l’ARC a besoin pour que les programmes publics soient équitablement et suffisamment financés dans l’avenir.
Sous-traitance
Juste avant les dernières élections fédérales, les libéraux se sont engagés à « diminuer le recours à des consultants externes pour ramener les dépenses plus près de leur niveau de 2005-2006 ». Eh bien, ils sont encore très loin d’avoir honoré cette promesse. En deux ans, les dépenses en sous-traitance ont augmenté de 2 G$ et on prévoit qu’elles atteindront 12 G$ d’ici la fin de l’exercice financier. Mais cette externalisation des services est non seulement dispendieuse, elle fait courir plus de risques aux projets ou provoque plus d’échecs : Phénix, l’Initiative de transformation des services de courriel, les services d’informatique en nuage.... On voit bien que le gouvernement devrait se « déprogrammer » de ses habitudes de sous-traitance. En 2018, nous ne raterons pas une occasion de rappeler au gouvernement de penser d’abord à « internaliser ».
Équité salariale
En 2016, le gouvernement a promis de présenter un nouveau projet de loi pour assurer l’équité salariale dans la fonction publique fédérale. J’ai exprimé les préoccupations de l’Institut à ce sujet dans une présentation au Comité spécial sur l’équité salariale de la Chambre des communes. Le gouvernement a promis de présenter une mesure législative « proactive » d’ici la fin de 2018. En 2018, nous ne ménagerons aucun effort pour nous assurer qu’il le fera. Parce qu’on est en 2018.
Pensions
Le projet de loi C‑27 du ministre des Finances, Bill Morneau, a été présenté en 2016 comme une promesse de fermer la porte aux pensions à prestations déterminées et de l’ouvrir aux pensions à prestations cibles, moins sécuritaires. Nous critiquons vivement ce projet de loi et nous espérons qu’il sera rejeté ou retiré d’ici la fin de l’année. Menacer la sécurité de retraite n’avait pas de sens en 2016 et n’en aura certainement pas plus en 2018.
GRC
En avril, l’Institut accueillera 1300 membres civils de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans son giron. Le personnel de l’Institut PIPSC déploie de grands efforts pour faciliter la transition de ces nouveaux membres. La récente annonce selon laquelle le projet de transférer le traitement de la paye des membres civils de la GRC dans le système Phénix est reporté indéfiniment nous soulage beaucoup. Comme je le disais, nous continuerons à faire pression sur le gouvernement pour qu’il change ou arrange Phénix.
Ce ne sont pas les seuls problèmes sur lesquels l’Institut va se pencher cette année. Les négociations relatives au nouveau Programme de soutien et de mieux-être des employés vont bon train. Dans nos préparatifs en vue de la prochaine ronde de négociations, nous discuterons aussi de conditions de travail souples et notamment de télétravail.
S’il est une chose que mon expérience à la présidence de l’Institut m’a apprise, c’est que les bonnes relations avec le gouvernement donnent presque toujours de bons résultats. C’est pourquoi nous continuerons de consacrer des ressources au lobbying en 2018.
Je vous souhaite à vous et à votre famille une bonne et heureuse année 2018.
Bien mieux ensemble!
Debi Daviau
Présidente