Webinaire Phénix : prochaines étapes (juin 2018) - foire aux questions
Le 14 juin, la présidente de l’Institut Debi Daviau a tenu un webinaire intitulé Phénix : prochaines étapes, qui visait à promouvoir les meilleures solutions au fiasco Phénix. Debi s’est particulièrement attardée à l’annonce faite récemment au sujet de la collaboration entre le gouvernement du Canada et l’Institut pour développer un nouveau système conçu pour durer.
Elle a tenu trois séances au cours desquelles elle a répondu aux questions et à certaines des préoccupations des membres. En voici sous forme de question réponse les faits saillants.
Que fait le syndicat pour aider les membres à faire résoudre leurs problèmes de paye?
Debi Daviau : Nous plaidons pour qu’il y ait un plus grand nombre de conseillers en rémunération. Le système ne suffit pas à la demande, et ce personnel joue un rôle primordial. Bon nombre des opérations du système doivent être exécutées manuellement. Nous demandons plus de ressources dans les ministères concernés pour que les conseillers en rémunération comprennent les particularités propres à chaque milieu de travail. Grâce à nos efforts, des changements sont finalement en cours. Le gouvernement fédéral augmente son soutien et ses ressources, et nous commençons à constater une amélioration dans le traitement des paiements.
Quel est le temps prévu pour développer et mettre en place un nouveau système de paye?
Debi Daviau : Le gouvernement a affecté 16 millions de dollars sur deux ans à la conception et au développement d’un nouveau système de paye. Toutefois, son plan ne prévoit pas la fin du projet en deux ans. À mon avis, si nous utilisions un produit déjà en place au gouvernement, par exemple le système administratif d’entreprise (SAE) de l’Agence du revenu du Canada (ARC), nous pourrions probablement commencer à payer des gens d’ici un an. C’est une meilleure option que les six ans mentionnés par le fédéral.
Dans quelle mesure l’ARC a-t-elle participé au développement de l’autre système de paye? Quels sont les obstacles?
Debi Daviau : Ce sont nos membres de l’ARC qui ont adapté le SAE. Ce système traite toutes sortes de données, que ce soit en matière de ressources humaines, de contrats ou de calculs de paye. Il avait été conçu au départ pour la paye. Au moment de son lancement, l’ARC l’avait adapté pour traiter la paye justement. Toutefois, il a été décidé que SPAC adopterait un autre système.
En fait, le SAE calcule la paye de nos membres de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et de l’ARC jusqu’au salaire brut, puis transmet ses calculs à Phénix. Dans le quart des cas, le logiciel Phénix altère les données, et nos membres se retrouvent avec des problèmes de paye.
Nous sommes allés consulter le vendeur du SAE pour savoir s’il était possible d’y ajouter un module de paiement. C’est le cas. L’intégration du module pourrait prendre de six à neuf mois. La réalisation de tout le projet prendrait donc un an environ.
Le système pourrait commencer à verser la paye de quelque 55 000 fonctionnaires de l’ASFC et de l’ARC. Ce ne serait certes pas une solution pour nos autres membres. Le système permettrait tout de même d’alléger le fardeau de Phénix, du centre de paye de Miramichi et des calculs manuels liés à Phénix. Il faudrait bonifier légèrement le système, mais il est entièrement fonctionnel. Nos membres s’occupent de la maintenance. Le système pourrait leur verser leur paye durant la période de transition.
Je ne suis pas prête à dire que c’est le bon système pour l’avenir. Par contre, je pense qu’il s’agit d’une bonne solution pour traiter plus rapidement la paye d’une partie de nos membres.
Alors pourquoi le gouvernement n’adopte-t-il pas ce système?
Debi Daviau: Comme on dit : chat échaudé craint l’eau froide. Cependant, l’échec de Phénix s’est produit parce qu’il n’y a pas eu de surveillance adéquate. Nous continuerons d’essayer de convaincre le gouvernement d’envisager cette option. Nous continuons également à chercher et à étudier d’autres options.
Quand mettra-t-on en place une version définitive du système de paye Phénix?
Debi Daviau: Nous continuons d’exercer des pressions sur le Conseil du Trésor pour le savoir. À notre avis, si nous avions mis en branle le projet SAE, le tout serait en place d’ici un an ou deux. Plus tard nous commencerons, plus longtemps nous attendrons avant de voir la fin des travaux. Si nous tardons à autoriser les projets, à exécuter le processus de passation des contrats et à construire un nouveau système, nous risquons d’en avoir pour des années. C’est pourquoi le gouvernement a parlé de six ans de plus.
Nous pensons avoir à notre disposition des produits presque prêts à utiliser. Il s’agirait simplement de les modifier légèrement. Essayons un projet pilote avec le système de l’ARC, par exemple. Voyons si ça marche. Si tout se passe bien, nous pourrions l’élargir aux autres ministères et organismes. Sinon, on passe à autre chose.
À mon avis, qui ne risque rien n’a rien.
Je ne peux plus attendre de recevoir la paye à laquelle j’ai droit. Qu’allez-vous faire pour ça?
Debi Daviau: Je pense personnellement que vous ne recevrez jamais la bonne paye tant qu’un nouveau système ne sera pas adopté. C’est pourquoi nous envisageons une solution de rechange. Notre solution repose sur un produit entièrement fonctionnel qui est même capable de calculer la paye jusqu’au montant brut. Ce serait plus rapide et plus économique d’utiliser un système comme celui-là. En plus, ce sont nos membres qui s’occuperaient de la maintenance.
Est-ce que je devrais continuer de déposer des griefs pour mes problèmes de paye?
Debi Daviau: Absolument! Si vous avez un problème de paye, déposez un grief. Vous devrez aussi y consacrer du temps à chaque étape.
Nous avons par ailleurs déposé des griefs de principe. Nous pourrons sans doute couvrir avec eux la plupart des situations vécues par nos membres.
En documentant votre situation, vous nous donnez les moyens de faire respecter vos droits individuels. Ces griefs nous fournissent aussi toute l’information nécessaire pour défendre les droits de nos membres, connaître leurs besoins et leurs priorités et discerner les tendances. Les données de recherche et le vécu de nos membres nous aident à plaider en faveur d’une solution au système de paye actuel.
J’ai des problèmes de paye non résolus que le centre de paye désigne toujours comme étant résolus. Ils n’apparaissent pas dans l’application « Suivre monCAS ». Je découvre que mon dossier est fermé quand je rappelle et que j’apprends — sans explication aucune — que le problème est réglé. Mon dossier n’est pourtant pas réglé. Qu’est-ce que je peux faire pour parler avec un conseiller en rémunération?
Debi Daviau:
- Entrez en contact avec votre député. Les députés ont à cœur d’aider. Ils peuvent avoir leurs propres mécanismes pour que la priorité soit accordée à votre dossier.
- Entrez en contact avec les hauts fonctionnaires de SPAC. Si vous les informez directement, ils se sentiront peut-être obligés de passer aux actes. Sachez que l’Institut plaidera en votre nom aux réunions du Comité national de consultation syndicale-patronale (CNCSP).
- Adressez-vous aux médias. C’est le moyen le plus rapide et le plus efficace que j’ai trouvé pour faire régler les problèmes vécus par les membres. Je sais que ce n’est pas un instinct naturel dans le milieu professionnel. Cependant, nous avons fait preuve d’une patience inouïe en donnant à l’employeur le temps de régler les problèmes. J’encourage les membres à s’adresser aux médias et à parler aux journalistes. La plupart des gens qui passent ne serait-ce que quelques minutes à la télévision nationale verront leur dossier progresser tout de suite après. Personne n’a été puni jusqu’à maintenant pour avoir lutté pour sa paye. Nous avons du personnel capable de vous aider en matière de relations avec les médias. Si vous voulez suivre cette voie, écrivez à bienmieuxensemble@pipsc.ca..
- Enfin, racontez votre histoire dans notre site Web. Le vécu de nos membres nous aide à rendre la question plus humaine lors des réunions du CNCSP. Il aide aussi notre équipe à mieux comprendre ce qui presse le plus pour nos membres et à canaliser ses énergies en conséquence.
Les réponses obtenues du centre de paye et du syndicat ne sont pas satisfaisantes. Avons-nous la possibilité de parler à un spécialiste capable d’étudier notre paye en détail, de comprendre la complexité de notre système de paye et d’en cerner les lacunes?
Debi Daviau : Le gouvernement a apporté des changements pour remédier à la situation. Il a mené un projet pilote au centre de paye de Miramichi où des collègues de différents ministères et organismes travaillaient en groupes spécialisés, et ont ainsi pu mieux comprendre les règles salariales propres à chaque ministère ou organisme (MO). Plusieurs MO ont mis sur pied des équipes internes auxquelles ils ont donné accès au logiciel pour régler les problèmes directement. Espérons que cette mesure permettra d’apaiser une partie des préoccupations soulevées par nos membres et d’accélérer le traitement des dossiers.
Nous nous sommes vus obligés de réagir, car SPAC nous transmettait des renseignements inexacts. On nous a dit que les conventions collectives étaient respectées.
Nous n’avions pas de boule de cristal pour prédire la situation fâcheuse qui s’ensuivrait.
Nous avons fait ce qu’il faut à l’Institut pour accroître notre capacité d’aider nos membres à traverser cette période difficile. Ces derniers mois, nous avons multiplié les séances de formation des délégués syndicaux. Nous leur avons aussi fourni des trousses d’outils et des modèles de formulaire pour qu’ils puissent vous aider à déposer un grief et à agir. Nous avons chargé une personne de coordonner les dossiers Phénix. Nous avons affecté des agents des relations du travail et du personnel de soutien à l’élimination des retards accumulés. J’admets que des gens ont attendu trop longtemps une réponse de l’Institut. Nous nous sommes donné les moyens d’améliorer notre fonctionnement, et les choses vont mieux aujourd’hui.
Est-ce qu’on prévoit ajouter des intérêts ou des pénalités à la prochaine convention collective pour compenser le retard ou l’absence de paye rétroactive?
Debi Daviau: Nous sommes actuellement en pourparlers avec d’autres agents négociateurs et l’employeur afin de régler ces questions. Les dommages causés par Phénix sont considérables, et les intérêts peuvent représenter de gros montants, ce que nous essayons de déterminer. Il est clair qu’il doit y avoir indemnisation. L’ensemble des fonctionnaires ont souffert. Ils se connectent au système de paye un lundi sur deux en se demandant si leur paye correspond bien au montant qui leur est dû. Même si rien n’a changé dans votre dossier, vous pourriez avoir des problèmes de paye. Ne mettez pas votre carrière sur la glace. Personne n’est à l’abri des ratés de Phénix.
Dans les lieux de travail, on demande à nos membres qui ont des problèmes de paye causés par Phénix de signer un formulaire afin d’en informer la direction. L’Institut et les autres syndicats reçoivent-ils une copie des formulaires signés? Sinon, qu’est-ce qui arrive avec l’information transmise? Les choses semblent au point mort ou presque par rapport à Phénix.
Debi Daviau: Je pense que la majorité des formulaires font état de problèmes déjà soulevés. L’employeur ne transmet pas les formulaires signés au syndicat. Je vous encourage tout de même à poser des questions. Chaque ministère ou organisme a mis son propre processus en place pour régler les problèmes de paye. Le vôtre a peut-être choisi ce moyen précis. Si vous avez des doutes, ne signez rien sans demander à un délégué syndical ou à un agent des relations du travail de s’assurer de faire respecter vos droits à l’avenir.
Faudrait-il poursuivre IBM pour le fiasco causé par Phénix ou jeter le blâme sur le gouvernement?
Debi Daviau: Nous étions déçus de voir que le vérificateur général avait passé sous silence cette question au sujet d’IBM dans son dernier rapport. Cela dit, il a eu raison de pointer du doigt ce qui avait achoppé durant l’implantation du système, et que le blâme ne revenait pas nécessairement à IBM. Cette entreprise cherche à faire de l’argent, et elle a profité d’un contrat très payant. Les personnes à blâmer sont celles qui, au gouvernement, étaient chargées de gérer le contrat. Sans doute qu’une entreprise comme IBM aurait dû prévoir le coup, surtout après avoir signalé les risques que présentait le manque d’essais et de formation. Le Ministère a quand même donné le feu vert. IBM aurait dû refuser d’aller plus loin. C’est dommage qu’elle ait fait passer ses profits avant la performance du système.
Serait-il possible de revenir à l’ancien système pour recommencer le processus?
Debi Daviau: À mon avis, c’est l’une des nombreuses options à envisager, pour la simple et bonne raison qu’il est impossible de réparer le système actuel. Le problème est que le système de gestion des ressources humaines utilisé comme plateforme pour l’ancien système n’existe plus. J’ai entendu dire que les anciens serveurs sont encore là et qu’il serait possible de les récupérer. Il est évident que les données ne sont plus à jour après deux ans. Tout remettre en marche exigerait un travail de titan. Selon moi, ce n’est pas le meilleur moyen de générer les payes rapidement.
Pourquoi a-t-on décidé d’abandonner ce système?
Debi Daviau: Il datait de 40 ans. Il était temps de passer à un système de paye plus moderne. En fait, les spécialistes de la paye qui utilisaient l’ancien système le trouvaient lourd, ce qui veut dire qu’ils y consacraient plus de temps qu’il n’aurait fallu avec un système plus moderne. Cela dit, il marchait. C’était un système de 40 ans qui n’avait pas manqué de maintenance au fil des ans. Ce n’était pas le système le plus solide, mais il marchait bien. Il n’aurait jamais fallu le démanteler sans avoir bien mis à l’essai le système de remplacement pour en assurer le bon fonctionnement. C’est là où il y a eu grave erreur.
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