L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

L’Institut Broadbent est un groupe de réflexion social-démocrate canadien non partisan fondé par Ed Broadbent en 2011. Il produit des recherches, organise des dialogues progressistes et forme des organisations pour faire avancer la justice sociale et l’égalité. 

Chaque année, l’Institut Broadbent organise un Sommet sur le progrès qui permet aux militant·es progressistes, aux institutions démocratiques et aux dirigeant·es syndicaux de se réunir, d’échanger des idées et de trouver des solutions aux problèmes émergents. L’IPFPC a été invité à participer au Sommet sur le progrès de cette année afin de partager le point de vue des syndicats. Plusieurs membres du Conseil d’administration et du personnel de l’IPFPC étaient présent·es. En tant que vice-présidente, voici mon rapport sur ce que nous avons appris.

La politique commerciale et les travailleur·ses

Le mercredi après-midi, un atelier comprenant plusieurs tables rondes a été organisé pour discuter de la politique verte et du commerce. Celui-ci fut l’occasion d’explorer comment la politique verte est la solution à l’urgence climatique et à la guerre commerciale d’aujourd’hui. Le Sommet a commencé officiellement le lendemain matin avec les paroles inspirantes de l’aînée Claudette Commanda. 

La première table ronde du jeudi était animée par le président de l’Institut Broadbent, Brian Topp, et portait sur l’avenir de la politique commerciale de manière à protéger les emplois au Canada et à réduire la dépendance à l’égard des États-Unis. Les panélistes, dont Beth Baltzan, conseillère commerciale du gouvernement Biden, et Steve Verheul, ancien délégué commercial en chef du Canada, ont exprimé l’espoir que le Canada sortira de cette période commerciale litigieuse si l’avenir du commerce inclut une politique commerciale progressiste fondée sur la sécurité économique des travailleur·ses. 

La faiblesse des normes de travail et d’environnement ne devrait pas créer un avantage concurrentiel par le biais de produits moins chers, et la politique commerciale doit s’attaquer à cette disparité. Les panélistes ont également indiqué que la politique commerciale ne doit pas exister en vase clos, mais qu’elle doit collaborer avec la politique intérieure afin de garantir une répartition équitable des profits et d’empêcher l’accroissement des inégalités. 

Améliorer les services publics et défendre les soins de santé 

Le jeudi après-midi, Matthias Ecke, membre du Parlement européen, a prononcé un discours dans lequel il a expliqué que la fixation et l’augmentation du salaire minimum, l’amélioration des services publics tels que les soins de santé et l’investissement dans les transports en commun sont la clé d’une société démocratique juste pour les travailleur·ses. Monsieur Ecke a également indiqué que la perception du Canada par l’UE s’était considérablement améliorée au cours des derniers mois, alors que nous gérons les guerres tarifaires. 

La dernière table ronde du jeudi était consacrée à la défense des soins de santé en temps de crise et fut présentée par des professionnel·les de la santé et des dirigeant·es de syndicats du secteur de la santé. Les panélistes ont expliqué que l’augmentation des coûts inclut les coûts des soins de santé, ce qui engendre du stress chez les travailleur·ses de la santé et a des conséquences sur leur présence au travail. Les panélistes ont souligné la nécessité de soutenir les travailleur·ses de la santé pour qu’ils/elles restent en bonne santé et puissent continuer à apporter leur soutien à d’autres personnes. 

Plusieurs solutions aux problèmes actuels, telles que l’amélioration de l’intégration du personnel infirmier qualifié à l’étranger à la main-d’œuvre canadienne, l’élaboration d’une loi sur la sécurité des patients et un plan amélioré de maintien en poste des travailleur·ses de la santé, ont été discutées. Le nouveau gouvernement a été invité à considérer le travail de soins comme un travail de construction de la nation et à investir en conséquence.

Sur l’immigration et l’évolution des mentalités

Le dernier jour du Sommet a commencé par une présentation des données de sondage et une table ronde sur l’évolution des mentalités des Canadien·nes à l’égard de l’immigration. La présentation a révélé que si les Canadien·nes voient généralement l’immigration d’un œil plus positif que négatif, cette perception est fortement influencée par le manque de logements abordables et la pression sur les services publics. 

Les membres des syndicats ont tendance à être plus compréhensifs à l’égard de l’immigration et à en avoir une perception plus positive. Les panélistes ont souligné les connotations coloniales de l’approche du Canada en matière d’immigration, comme en témoigne le programme des travailleurs étrangers temporaires, et ont plaidé en faveur d’une réforme plutôt que d’une restriction du système. 

Une note d’espoir pour conclure : la mobilisation est importante

Le Sommet s’est clôturé par un discours de Stacy Davis Gates, présidente du syndicat des enseignant·es de Chicago. Madame Gates a évoqué le contexte historique du racisme et de la ségrégation dans le système scolaire de Chicago, qui perdure encore aujourd’hui. 

Elle a raconté l’histoire du pouvoir de l’unité et de l’action collective à la suite de la fermeture en 2015 de l’école Walter H. Dyett, dans le quartier sud de Chicago, qui avait été délibérément sous-financée en raison de politiques racistes. Un groupe de parents et d’activistes, conscients de l’importance de conserver une école dans la collectivité, a entamé une grève de la faim de 34 jours pour protester contre la fermeture de l’école. 

Grâce à leur effort collectif, ce groupe d’activistes a réussi non seulement à rouvrir l’école, mais aussi à obtenir un investissement de 14 M$ pour transformer l’école en un établissement d’enseignement axé sur les arts. Madame Gates a souligné que pour avoir des possibilités, il faut travailler, et la mobilisation est au centre de ce travail.

Dernières réflexions 

Dans l’ensemble, le Sommet sur le progrès fut une expérience enrichissante et motivante pour notre délégation de l’IPFPC. Il nous a donné l’occasion d’entendre nos homologues d’autres secteurs du travail sur la manière dont ils/elles réagissent aux crises actuelles provoquées par les tarifs douaniers et l’incertitude économique. On nous a également présenté des idées pour construire l’unité et l’espoir en ces temps incertains. J’ai hâte de mettre en pratique les leçons apprises ici à l’IPFPC.

 

Katie Francis, vice-présidente de l’IPFPC